Le changement climatique en cours, avéré par la plupart des experts de la communauté scientifique internationale, semble déjà avoir de nombreuses conséquences dans divers domaines (agriculture, santé, économie…). Mais qu’en est-il de la biodiversité, notamment végétale, en Nouvelle-Aquitaine ?
Les travaux des chercheurs et les modèles qui en découlent (Thuiller & al., 2005 ; Le Treut & al., 2013 ; Grillet & al., 2006 ; Bertin, 2008…) prédisent des bouleversements importants à l’échelle régionale en lien avec une forte hausse des températures dans les décennies à venir. Ainsi, une grande partie de la flore recensée aujourd’hui ne trouverait plus sa place demain. Des espèces et des milieux d’affinités boréo-montagnardes, déjà relictuels en Nouvelle-Aquitaine tels que le Hêtre ou les tourbières, risquent de disparaître. A l’inverse, une flore à forte tonalité méditerranéenne, retrouvée actuellement dans les zones les plus chaudes et sèches de la région comme le littoral et le sud-est de Dordogne et du Lot-et-Garonne, pourrait progresser et s’installer plus largement.
Partant de ce constat, le CBN Sud-Atlantique, associé aux CBN Massif Central et CBN des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, engage un travail de mesure des effets du changement climatique sur la flore et les habitats de Nouvelle-Aquitaine à travers le programme « Sentinelles du climat ». Coordonné par l’association Cistude Nature, ce programme rassemble de nombreux partenaires (CBN, CEN Aquitaine, Universités de Pau et de Bordeaux, etc.) autour de la problématique du changement climatique.Le CBN Sud-Atlantique coordonne quant à lui les travaux sur la flore et les habitats.
Il s’agit d’un projet de recherche-action qui s’inscrit sur une durée de 6 ans (2016-2021) visant à mettre en place un réseau de suivis et des méthodes permettant de mesurer les impacts du changement climatique sur la faune et la flore sauvage et les habitats de la région. Un observatoire et des méthodologies seront élaborés pour suivre spécifiquement la phénologie florale afin de mesurer les décalages de certains stades de développement (floraison, feuillaison...) entre différentes années, en cohérence avec les démarches préexistantes sur les territoires.
D'autre part, 7 types de milieux abritant une flore potentiellement sensible aux évolutions climatiques énoncées par le GIEC (GIEC, 2007) seront suivis à long terme. Il s’agit actuellement des pelouses sèches calcicoles, des végétations dunaires littorales, des forêts à Hêtre de plaine, des lagunes du plateau landais, des landes tourbeuses et tourbières de plaine, des étangs arrière-littoraux et des tourbières de montagnes.
L’extension du programme « Sentinelle du climat » à l'ensemble de la Nouvelle-Aquitaine permettra l’ajout d’habitats sensibles typiques de ces secteurs.
L’année 2017 comportera un important travail de terrain afin de sélectionner des sites d’étude et de suivi d’une part et de tester les protocoles d’autre part.
Suivez l’actualité du programme « Sentinelles du climat » sur : https://www.sentinelles-climat.org