La mise en œuvre d’un Plan national d’actions (PNA) pour la conservation de l’Isoète de Bory (Isoetes boryana), espèce d’intérêt communautaire, endémique de la façade atlantique française évaluée « En Danger » dans la liste rouge nationale, a été actée en 2020. Deux espèces végétales protégées à l’échelle nationale et menacées de disparition sont également ciblées par le PNA, la Lobélie de Dortmann (Lobelia dortmanna) et la Littorelle à une fleur (Littorella uniflora). Plus globalement, le PNA vise la conservation des végétations riveraines abritant ces espèces et leurs habitats.
Les causes du déclin de ces communautés sont multifactorielles : les intrusions d’origine humaine : passage d’engins, érosion des berges et déplacement de sédiments par les vagues générées par les activités nautiques, aménagement des berges, amarrage et tractage d’embarcation sur les rives, dragage des fonds par les ancres, piétinement et écrasement par la marche en rive dite longe-côte, etc. ; la modification du système naturel (qualité et quantité des eaux) ; la colonisation par les espèces exotiques envahissantes; etc.
Le Plan national d'actions en faveur des végétations de bords d'étangs arrière-littoraux des Landes et de Gironde (2021-2030) se déclinent en 22 actions relevant de l'information et de la sensibilisation, de la conservation in-situ et de la conservation ex-situ. Ainsi, l'action U vise à développer les connaissances sur la germination et la culture des Isoétides, en vue de projet de renforcement et de réintroduction.
Le Conservatoire botanique national Sud-Atlantique (CBNSA), animateur de la mise en oeuvre du plan et identifié comme pilote de cette action, a conduit des expérimentations au sein de son laboratoire de conservation ex-situ en se basant sur les retours d'expériences disponibles dans la littérature scientifique, internationale essentiellement, et concernant d'autres espèces du genre Isoetes. L'Isoète de Bory est un Ptéridophyte. Sa reproduction s'opère, comme les fougères, par des spores.
Suite à l'observation d'indivus déracinés et échoués qui n'auraient pu survivre en milieu naturel, le CBNSA a procédé à la sauvegarde de ces individus et à leur maintien en aquarium dans ses locaux de culture ex-situ. Sur la partie souterraine de ces individus, des spores ont été prélevées et mises en culture dans des boites de Pétri en verre contenant de l'eau stérile. Ces boites ont été placées en incubateur à 20°C avec une photopériode de 12h de lumière et 12h d'obscurité.
A gauche, microsporange contenant les microspores; A droite, macrosporange contenant les macrospores © CBNSA - S. Loriot
Après 15 à 20 jours, la plantule se forme. Lorsque les plantules disposent de 3 ou 4 sporophylles [feuilles], elles peuvent être placées en culture.
A gauche et au centre, plantules d'Isoetes boryana ; A droite, repiquage d'une plantule au stade 3 sporophylles © CBNSA - S. Loriot
Ces résultats offrent d'intéressantes perspectives d'actions en faveur de l'Isoète de Bory ; ceci en complément des actions de conservation in situ opérées de façon partenariale dans les dernières localités où cette espèce végétale à enjeu majeur de conservation est encore observée.
Contacts :
Sandrine Loriot, responsable du Pôle Conservation au Conservatoire botanique national Sud-Atlantique
Anaëlle Deveaud, chargée de mission Conservation au Conservatoire botanique national Sud-Atlantique