Bleuets, Nielles des blés, chrysanthèmes des moissons... Depuis plusieurs années, le CBNSA mène des actions pour préserver ces plantes compagnes des cultures. La mise en place de parcelles conservatoires, la récolte de graines ou encore les travaux en laboratoire sont complémentaires dans une démarche partenariale avec le monde agricole en faveur de la biodiversité sur le territoire. Zoom sur les derniers résultats...
Plantes compagnes des cultures, les messicoles sont particulièrement menacées à l’échelle nationale du fait de l’évolution des pratiques agricoles. Le constat est partagé en Nouvelle-Aquitaine. Aussi, en réponse à ce déclin, le CBNSA mène un programme de conservation sur son territoire de compétence.
Un réseau engagé pour le maintien des espèces in situ
Depuis son lancement en 2022, 14 parcelles conservatoires ont été mises en place dans 7 départements. A travers la Vienne, la Charente, la Charente-Maritime, la Gironde, la Dordogne, les Landes et le Lot-et-Garonne, ce réseau vise à conserver in situ les espèces messicoles rares et menacées avec l’appui de nombreux partenaires investis dans la démarche. Il revêt également une dimension de sensibilisation aux pratiques favorables à la biodiversité dans les agrosystèmes. En effet, les messicoles contribuent à leur bon fonctionnement et participent indirectement à la pollinisation des espèces cultivées et à la lutte contre les ravageurs des cultures.
Des récoltes de graines fructueuses
En parallèle, des graines de 52 espèces messicoles, dont 32 menacées, ont été récoltées et/ou obtenues par multiplication ex situ. C’est le cas par exemple de la Nigelle des champs, Nigella arvensis, classée en danger critique d’extinction au niveau national, pour laquelle cette réussite ouvre des perspectives. En effet, si la priorité reste de maintenir les espèces in situ, la récolte de graines suit un protocole scientifique méticuleux à l’impact réduit dans un objectif de conservation et de restauration.
Sur le terrain, ce matériel végétal sert à ensemencer des parcelles du réseau conservatoire. Pour certaines espèces, des lots de graines sont aussi remis aux producteurs de la filière “Végétal local”. Car soutenir la structuration de la filière représente un enjeu de taille pour la préservation de la biodiversité. Si les variétés usuellement commercialisées pour le fleurissement présentent certaines vertus horticoles, les espèces indigènes d’origine locale font preuve d’une meilleure adaptation au sol et au climat par exemple. Leur floraison peut être tout autant spectaculaire et bien des insectes sont synchronisés avec leur cycle de vie.
Le travail en laboratoire au service de la connaissance
En laboratoire, des échantillons sont triés et classés pour constituer une banque de graines : ils sont conservés pour un usage ultérieur. Divers tests sont aussi conduits pour améliorer les connaissances sur la biologie des espèces. Vous doutiez-vous par exemple que la Petite spéculaire, Legousia hybrida, arrive à germer à 10, 15, 20 ou 25°C alors que la Nigelle des champs, Nigella arvensis, préfère une température de 15°C ?
Les équipes du CBNSA et leurs partenaires sont aussi mobilisés pour sensibiliser les acteurs du territoire et faire connaître les pratiques favorables aux messicoles pour enrayer l’érosion de la biodiversité dans les champs, vignes et vergers. Plusieurs actions de conservation in situ ont pu être réalisées directement sur le terrain en lien avec les agriculteurs. C’est le cas du bord de champ où est présent la Nigelle des champs, exemptée de moisson pour que les plantes puissent monter en graine et ainsi compléter le cycle de vie. La poursuite des actions menées et le maintien des moyens déployés ont pour ambition de renforcer la communauté régionale engagée en faveur de la conservation de ces espèces menacées.
Les actions en faveur des messicoles ont bénéficié en 2023 et 2024 du soutien financier de la Région Nouvelle-Aquitaine dans le cadre de l’appel à projets « Nature et transitions ».