Le CBN Sud-Atlantique, avec le soutien financier de la DREAL Nouvelle-Aquitaine, développe depuis 2011 un réseau de surveillance de l'état de conservation des habitats naturels dans le cadre du programme Natura 2000. Les principaux habitats regroupés en grands systèmes écologiques font ainsi l'objet d'un suivi et d'une évaluation tous les 6 ans.
Cette évaluation se base sur un suivi selon deux approches complémentaires :
- La première, s'appuyant sur une grille d'évaluation, consiste à relever sur un grand nombre de sites des indicateurs relativement aisés à appréhender et permet d’obtenir instantanément l’état de conservation ;
- La seconde, s'appuyant sur des placettes permanentes disposées le long d'un transect, cherche à suivre et comprendre finement l'évolution sur le long terme de la composition floristique de sites pilotes.
Les habitats des rives des 9 principaux étangs arrière-littoraux aquitains ont ainsi fait l'objet de la mise en place d'un réseau de suivi par transects en 2012. Ce réseau a fait l'objet d'une seconde lecture en 2018 puis d'une troisième lecture en 2024, permetttant ainsi de dresser un bilan sur l'évolution des habitats d'intérêt communautaire de ces milieux lors des 12 dernières années. Le réseau de suivi sur ces étangs se compose de 30 transects et de 201 placettes(dont 24 transects ont été lus 3 fois depuis 2012) distribués sur les étangs en fonction de leur linéraire de rive. L'approche par la grille d'évaluation reste à envisager, sur la base de la grille développée en 2018.
L'évaluation met en évidence une dégradation globale de l'état de conservation des habitats d'intérêt communautaire des rives des étangs arrière-littoraux de 2012 à 2024 sur le réseau de transects suivis, bien que ce bilan soit contrasté puisque certains habitats montrent une résilience voire une expansion au détriment d'autres.
En effet, l'analyse de l'évolution de l'état de conservation des habitats d'intérêt communautaire (HIC) a révélé une réduction nette de leur emprise sur le réseau de transects, passant de 77,5 % en 2012 à 55 % en 2024, soit une diminution de 29 %. Cette régression est en grande partie due au déclin de certains habitats clés, notamment les gazons amphibies oligotrophes (3110) qui concentrent les plus forts enjeux de conservation. Toutefois, certains HIC, comme les herbiers à Characées (3140), ont connu une expansion, probablement en raison de changements environnementaux ou de pratiques de gestion favorisant leur développement, mais au détriment des gazons amphibies à Lobélie de Dortmann. Par ailleurs, les habitats non communautaires (NC) ont vu leur emprise doubler, atteignant 45 % en 2024, notamment en raison de la progression des roselières paucispécifiques et des herbiers aquatiques à Lagarosiphon major et Egeria densa.
L'étude a également mis en évidence, grâce au pouvoir bioindicateur des plantes, des dynamiques contrastées dans l'évolution écologique des rives des étangs. Le niveau d'humidité est stable dans le temps, tandis que l'indice de matière organique a diminué entre 2012 et 2018 avant de se stabiliser. Le niveau de trophie a, quant à lui, progressé de manière continue, traduisant une disponibilité accrue en nutriments, faisant passer la moyenne du niveau trophique d’un milieu oligo-mésotrophe à mésotrophe. Concernant la fermeture par les ligneux, l'abondance des espèces chaméphytes et phanérophytes n'a pas montré d'évolution significative, suggérant l'absence d'une dynamique marquée de fermeture des milieux. Toutefois, l'érosion des rives semble s'être intensifiée, avec une augmentation du recouvrement de sol nu entre 2012 et 2018, avant une stabilisation en 2024.
L'impact des espèces exotiques envahissantes constitue une préoccupation majeure sur les rives des étangs. Leur emprise sur le réseau des transects a augmenté de 120 % entre 2012 et 2024, atteignant 5 % du linéaire total en 2024 contre 1 % en 2012 (leur abondance globale n'ayant cependant pas significativement évolué au niveau des placettes permanentes). Cette progression concerne en particulier les pelouses à Ludwigia grandiflora et les herbiers aquatiques à Lagarosiphon major et Sagittaria graminea et se concentre particulièrement sur un secteur des rives est de l’étang de Biscarosse-Parentis. Ces observations montrent que, bien que l'expansion des EEE soit encore limitée en surface, elle pourrait poser un problème accru dans les années à venir.
Ces résultats fourniront une base essentielle pour les futures actions de conservation, en particulier dans le cadre du Plan national d’actions sur les végétations des rives des étangs arrière-littoraux, et la prise de décision des animateurs des sites Natura 2000. La poursuite des suivis réguliers et l'intégration de nouvelles méthodologies, comme la photo-interprétation, permettront d'affiner les analyses et d'adapter au mieux les actions de gestion.
Télécharger le rapport sur l'état de conservation des habitats rivulaires des étangs arrière-littoraux
